Pourquoi c’est un sujet clé
Parler de roadmap n’est jamais neutre.
C’est souvent là que se concentrent les tensions :
- Entre la vision et l’exécution
- Entre le court terme et le long terme
- Entre la livraison de fonctionnalités et la création d’impact
Une roadmap n’est pas qu’un outil de planification. C’est un miroir de la maturité produit d’une organisation. Elle traduit la façon dont vous pensez vos priorités, ce que vos équipes comprennent du produit et ce que l’organisation attend (ou croit pouvoir attendre).
Ce qu’on oublie souvent
Il n’existe pas de “bonne” roadmap universelle. Chaque format reflète une culture et un niveau de maturité. Certains enferment dans un mode “commande-livraison”. D’autres ouvrent la voie à plus de responsabilité, de clarté et d’alignement.
Voici les principaux formats qu’on retrouve dans les organisations Produit & Tech :
La roadmap calendrier (planning figé)
Exemple typique : “Q1 : refonte onboarding – Q2 : appli mobile – Q3 : refonte site web”.
- 🎯 Logique : planifier à l’avance
- 🧭 Focus : tenir les délais
- 📍 Maturité : ❌ initiale
C’est le format préféré des organisations qui fonctionnent encore avec une logique de contrat : “on a promis, donc on doit livrer”. Le problème ? Cette roadmap se transforme vite en prison. Elle réduit la capacité à apprendre en cours de route et bloque toute flexibilité.
La roadmap backlog (livrables priorisés)
Ici, la roadmap ressemble à une liste : “Feature A – Feature B – Feature C”.
- 🎯 Logique : livrer des fonctionnalités dans un certain ordre
- 🧭 Focus : flux de production
- 📍 Maturité : ⚙ basique à moyenne
C’est utile pour gérer le court terme et donner une visibilité opérationnelle. Mais cela entretient une illusion de progrès : on produit des choses, sans savoir si elles ont un réel impact. C’est souvent le format des équipes qui ont “industrialisé” la livraison, mais pas encore relié leurs choix aux vrais problèmes utilisateurs.
La roadmap orientée problèmes
On ne parle plus de “quoi livrer” mais de “quel problème résoudre” : “Améliorer l’activation” – “Réduire le churn”.
- 🎯 Logique : partir des problèmes utilisateurs ou business
- 🧭 Focus : outcome visé
- 📍 Maturité : ✅ avancée
Ce format libère les équipes : elles ont la responsabilité de trouver la meilleure solution. C’est aussi une posture culturelle : accepter qu’on ne sait pas encore quelle est “la bonne idée”, mais qu’on se met en mouvement vers un objectif clair.
La roadmap par objectifs (OKR)
Un cran au-dessus : relier la roadmap à des objectifs mesurables (“Augmenter la rétention de 20 %”) avec des résultats clés associés.
- 🎯 Logique : aligner sur un but mesurable
- 🧭 Focus : résultat utilisateur / business
- 📍 Maturité : 🧠 forte
Cela favorise l’autonomie et la cohérence. On ne demande plus aux équipes de livrer des choses, mais de contribuer à des objectifs partagés. Le risque ? Si les OKR sont mal définis, on peut tomber dans une mécanique bureaucratique au lieu d’un vrai alignement stratégique.
La roadmap de portefeuille stratégique
Ici, on n’est plus au niveau d’une équipe mais d’une organisation entière. C’est un mix entre vision produit, allocation budgétaire, arbitrages et objectifs.
- 🎯 Logique : piloter un ensemble de produits ou d’initiatives
- 🧭 Focus : arbitrer entre la valeur, les moyens et les priorités
- 📍 Maturité : 🏆 excellence organisationnelle
C’est le format des organisations matures, qui ont compris que la ressource rare n’est pas l’argent ni les idées, mais la capacité d’exécution. Il rend visibles les arbitrages, les renoncements, et permet de relier la stratégie globale au concret du produit.
Synthèse

En conclusion
Une roadmap n’est pas seulement un document. C’est un acte de leadership produit.
Elle peut enfermer vos équipes dans l’exécution… ou bien leur donner la mission de transformer la vision en impact. La question n’est donc pas “quelle roadmap adopter ?” mais “quel niveau de maturité et de culture produit voulons-nous développer ?”.